Les études sur les niveaux de vie des différentes générations occupent régulièrement l’actualité. Et cela ne devrait pas s’arrêter en cette période de transition générationnelle, où les baby-boomers partent en retraite. Après le patrimoine des retraités qui a fait couler beaucoup d’encre (le Conseil d’orientation des retraites a confirmé cet été que le patrimoine des retraités est supérieur à celui des actifs, notamment pour les « jeunes retraités »), aujourd’hui c’est leur pouvoir d’achat qui est passé au crible.
Si les retraités ont pu bénéficier d’une période économique favorable, propice à la constitution d’un patrimoine (acquisition d’une résidence principale pour beaucoup), qu’en est-il de leur consommation, de leur niveau de dépense ?
Vous avez sûrement entendu parler des fameux indices de consommation des ménages français (dans leur ensemble). Mais pour obtenir un aperçu précis de la consommation d’une tranche de population, ici les retraités, il convient d’étudier cette dernière de manière catégorielle.
Y a-t-il une différence dans la consommation des ménages ? Comment l’expliquer ?
Le mode de vie en explique une partie. L’arrêt de l’activité professionnelle permet aux retraités de réaliser des économies sur des dépenses qu’un actif ne peut éviter. Ainsi les dépenses de transports, de restauration, habillement, etc… représentent des postes de dépenses que les retraités n’ont plus à supporter.
A côté de ce poste de dépenses lié à une activité professionnelle, une autre dépense importante aujourd’hui pour un actif, le logement. Cette dernière tient pour beaucoup aux caractéristiques de notre marché immobilier. La hausse des prix de l’immobilier fait qu’un actif doit payer plus cher que ses ainés à l’acquisition ou à la location. Le loyer représente ainsi 1/5ème des revenus des ménages.
Les retraités sont en général épargnés par les dépenses en logement, puisqu’ils sont en grande partie propriétaires. Ils ont acheté meilleur marché et ont déjà remboursé leur crédit (73% des retraités sont propriétaires de leur résidence principale contre 49% des non-retraités). Leur taux d’effort (ratio des dépenses de logement sur revenus) est de 15,7% contre 22,7% pour les non-retraités. De plus, ce taux est stable sur la dernière décennie.
A nuancer toutefois… Si le coût du logement est moindre pour les retraités dans leur ensemble, le taux d’effort des retraités non propriétaires est supérieur à celui des non-retraités. En 2013, ces taux d’effort représentent 33,6% dans le secteur libre, 28,7% dans le secteur social, sachant qu’ils étaient de 29,8% et 27,2% en 2006. Ceci s’explique par la baisse de leurs revenus.
D’une manière générale, les retraités consomment moins que les actifs en alimentation, habillement, loisirs, etc… C’est un phénomène générationnel qui tend néanmoins à s’estomper au fil des nouvelles générations de retraités. Car si les générations 1925-1930 ont une plus faible propension à consommer (générations d’avant-guerre), les baby-boomers ont tendance à consommer davantage. Ceci est vrai en particulier dans les transports, les télécommunications, les hôtels, la culture, les loisirs et les vacances. Les baby-boomers consomment plus parce qu’ils le peuvent, ils ont un niveau de vie plus élevé en raison de meilleures carrières. Il souhaitent voyager plus et profitent ainsi d’offres qui leur sont, de plus en plus, dédiées avec des tarifs adaptés notamment « hors vacances scolaires »..
Des dépenses de santé plus importantes
Comme on peut le comprendre aisément, les retraités ont des dépenses de santé plus importantes. En 2008, les dépenses de santé d’un adulte étaient 7,1 fois plus élevées après 75 ans qu’entre 16 et 25 ans. Le « reste à charge » après intervention de l’assurance maladie était 4,1 fois plus élevé. En 2013, la DREES évalue ainsi les dépenses de santé à la charge d’un couple retraité à 1 860 euros par an en moyenne contre 1 138 euros par an pour un ménage non retraité.
Ceci s’explique par notre modèle social, par le remboursement de l’assurance maladie, par la redistribution opérée entre « bien portants » et « malades ». Le taux de prise en charge de l’assurance maladie obligatoire évoluant même de manière positive en fonction de l’âge des retraités : 76% en moyenne pour la population, 79% pour les 60-69 ans, 82% pour les 70-79 ans, et 85% pour les plus de 80 ans.
A la lumière de ces études, il s’avère que les retraités consomment moins, que ce soit par habitude ou du fait de leur patrimoine immobilier. Ceci s’explique aussi par une volonté d’épargner par précaution (dépendance) ou pour transmettre aux descendants. Les retraités bénéficient d’un système de santé relativement « généreux », qui permet aux plus pauvres comme aux plus riches de bénéficier d’un accès aux soins. D’un point de vue économique, l’indice d’inflation pour les retraités est inférieur de -0,6 point sur les 16 dernières années par rapport au reste de la population, ce qui n’est pas un avantage significatif. Au final, à la différence de leur patrimoine, le niveau de dépenses des retraités n’est pas supérieur à celui des actifs.