L’Astuce

Quel taux de revalorisation pour les pensions de retraite ?

par | Oct 6, 2015 | Actualités

En ce mois d’octobre, les retraités se mobilisent et font entendre leur voix pour obtenir une revalorisation de leurs pensions de retraite. Ce sont ainsi pas moins de neuf représentations syndicales (UCR-CGT, UCR-FO, UNAR-CFTC, UNIR CFE-CGC, FSU Retraités, FGR-FP, LSR et UNRPA) qui étaient reçues jeudi dernier à l’Elysée par le Conseiller social du Président de la République, Monsieur Michel YAHIEL.
Que se passe-t-il donc ?
Les syndicats sont inquiets. Ils trouvent le Gouvernement particulièrement discret sur le taux de revalorisation appliqué aux pensions de retraite. Pour rappel, les pensions sont revalorisées chaque année au 1er avril sur la base de la prévision d’inflation hors tabac, corrigée de l’inflation constatée. De plus, dans le cadre du plan gouvernemental d’économies de 50 milliards, le Gouvernement a décidé d’un gel de toutes les pensions de retraite jusqu’au mois d’octobre 2015 (ce qui représenterait 1,3 milliard d’économies). Nous voilà en octobre 2015, les retraités par le biais de leurs syndicats réagissent : ils avaient pris date.
Leur but : obtenir une revalorisation pour les pensions en novembre. En effet, les pensions sont versées à terme échu, ce qui signifie que la pension d’octobre sera versée le 9 novembre. Techniquement donc, il est encore temps d’obtenir un ajustement. Et plus encore, obtenir une indexation des pensions sur le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance, non plus sur l’inflation, une méthode de calcul plus favorable.
Le Conseiller social a rejeté cette « proposition », rappelant que le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2016 (PLFSS) prévoit une nouvelle méthode de calcul des pensions. Ces dernières seront désormais revalorisées sur les 12 mois, en fonction de la hausse des prix. Et surtout, le PLFSS va créer un « bouclier », évitant une évolution négative des retraites en cas d’inflation négative.
Les syndicats avancent leurs arguments. Ils rappellent qu’aucune revalorisation n’est intervenue depuis le 1er avril 2013 et commencent à trouver le temps long. Ils ont lancé dès cet été une pétition et recueilli 3.000 signatures en ligne et 50.000 signatures manuscrites. Ils sont bien décidés à ne plus être, selon eux, « une variable d’ajustement ». Nous l’avons vu, à la lecture des projections du Conseil d’Orientation des Retraites, les retraités et futurs retraités peuvent s’inquiéter du niveau de pensions à venir. Dans les conditions actuelles de croissance, le gel de la revalorisation des pensions paraît en effet être une mesure minimale.
Sur ce dossier, l’exécutif s’est montré particulièrement discret. Rien ne ressort du compte rendu du Conseil des Ministres du 30 septembre. Seul le rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS publié le 24 septembre) prévoit un taux de revalorisation des retraites de base de + 0,1% cette année. Autrement dit un niveau proche de zéro, ce qui risque de ne pas satisfaire les syndicats. Information confirmée par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, plus tard, le 1er octobre.
Bon nombre de retraités témoignent en outre d’une « érosion » de leur niveau de vie, au-delà donc de la hausse des prix. Dans certains cas, ils doivent parfois faire vivre leurs parents, mais aussi leurs enfants, parfois même leurs petits-enfants. C’est donc bien plus d’un problème de revenu qu’un problème de prix qu’il s’agit.
A travers cette question de la revalorisation des pensions de retraite, c’est en fait la difficile question de leur équation budgétaire qui se pose. Cet exemple du retraité qui doit faire vivre ascendants et descendants résume à lui seul la situation à laquelle nous sommes confrontés. Comment financer les retraites, dans une situation d’allongement de la durée de la vie et de précarisation des carrières  ? Comment financer la dépendance ? Comment financer, de façon plus générale, les dépenses sociales ? Comment financer, au fond, la dépense publique ? (sans même parler de la dette). Tout cela dans un contexte budgétaire serré, marqué par de faibles niveaux de croissance.
Pour se faire le Gouvernement doit faire des économies – bien entendu – mais il doit le faire en présentant un budget cohérent. Un budget préparé dans un but : retrouver de la croissance, par l’investissement des entreprises, seule garantie de la pérennité des retraites. Toute autre tentative de correction des finances publiques s’avérerait compliquée, et incertaine. Toute autre trajectoire pose à terme la question du financement de notre modèle social.

M