Juin, c’est la mi-temps, l’occasion de faire le point sur l’activité des assurances de personnes de l’année précédente. Pour se faire, rien de mieux que les rapports parus ce mois-ci, et ils sont nombreux : Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), Fédération Française des Sociétés d’Assurances (FFSA), etc… Si vous n’avez pas eu le temps de les lire, voici les principaux enseignements de ces derniers.
Les cotisations des assurances de personnes s’élèvent à 148,9 milliards d’euros pour l’année 2014, en hausse de +7,6% sur un an (138,3 mds en 2013), après une hausse de + 5 % sur l’année 2013. Quand on parle des assurances de personnes, il s’agit des assurances vie et les bons de capitalisations (la très grande partie) plus les assurances de dommages corporels. Les cotisations d’assurance vie et des bons de capitalisation enregistrent pour leur part 128,8 milliards d’euros de cotisations, en hausse de 8 % (+ 5 % en 2013). Les cotisations relatives aux assurances de dommages corporels (maladie et accidents corporels) atteignent elles 20,1 milliards d’euros, en progression de 3 % sur l’année.
Quand on raisonne en termes de collecte nette (cotisations moins prestations) pour les seuls contrats d’assurance vie et de capitalisation, ce sont 22,6 milliards d’euros, contre 10,8 milliards en 2013.
Dans le détail, les cotisations ont progressé notamment grâce aux supports unités de compte (UC) dont la collecte a augmenté de 21 % (20,4 milliards d’euros contre 16,8 milliards d’euros en 2013). Même si les assurés privilégient les supports euros (versements de 108,4 milliards d’euros en hausse de près de 6 %), le poids des supports unités de compte a fortement progressé en 2014.
Autre enseignement, cette dynamique est également portée par les contrats individuels qui enregistrent une forte hausse des cotisations (+ 10 % en 2014, à 116,4 milliards d’euros).
Ce qui fait qu’au final, l’assurance vie demeure le premier vecteur de l’épargne longue en France, son poids s’établissant à 51 % en 2014 (contre 50% en 2013).
Ce n’est pas pour rien que Les Echos publiait vendredi dernier un article intitulé « l’assurance vie dans une dynamique particulièrement favorable » ! Il s’agit donc d’une bonne année, même si les rendements observés sont en recul sur la période.
Ainsi les rendements étaient de 5,9% en UC et d’à peu près 2,5% pour les fonds en euros contre 8,2% et 2,8% l’année précédente. Il y a bien un recul de la rémunération, mais ce dernier aurait pu être plus important encore si l’on prend en compte la baisse des taux français en 2014 et les préconisations du gouverneur de la Banque de France (Christian Noyer) d’octobre dernier. Une analyse que partage l’étude de l’ACPR : « Le recul de la rémunération (-0,26 point) aurait pu être plus important au regard de la baisse observée sur les taux souverains français en 2014 (-0,55 point). » Les rendements sont donc en recul, mais restent attractifs – surtout si l’on n’oublie pas que l’inflation a été nulle !
Qu’est ce qui justifie cette dynamique ?
Le rapport de la FFSA nous donne la réponse : « En l’absence de forte concurrence des autres produits financiers pénalisés par la baisse historique des taux d’intérêt, l’assurance vie a notamment tiré son épingle du jeu. » Même si nous l’avons vu, les rendements ont baissé d’une année sur l’autre, ils restent compétitifs face aux produits concurrents. Il est vrai que si l’on compare avec les 1% de rendement du livret A pour la seconde partie 2014, il n’y a pas photo ! Ce à quoi il faut ajouter une faible performance du CAC 40 en 2014 (- 0,54 %). Nous sommes d’accord.
Nous le sommes moins quand ce même rapport explique que : « Ces évolutions sont la conséquence d’un environnement économique favorable à l’assurance vie. » Regardons plutôt l’analyse de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques OCDE (rapport de juin – chapitre consacré aux organismes de retraite et compagnies d’assurance-vie) : « Un environnement marqué par des taux d’intérêt durablement bas, assortis d’une croissance continuellement faible et d’un repli des taux d’inflation, pose de sérieuses difficultés aux systèmes d’assurance et de retraite, et plus particulièrement aux régimes de retraite à prestations définies et aux compagnies d’assurance engagées sur des promesses financières à long terme. » Ceci ressemble beaucoup à notre situation économique : d’un côté les taux d’intérêt bas observés, en liaison avec la situation économique, pénalisent le rendement de ces dernières, d’un autre côté leur rendement réel et leur sécurité en font un placement décisif pour placer ses ressources et compléter ses retraites.
La tendance ?
Jeudi dernier la FFSA présentait les chiffres des 5 premiers mois de l’année 2015 ! Et ils sont bons : 10,7 milliards de collecte nette sur ce début d’année. Ce qui est supérieur au rythme du début d’année 2014, puisqu’à la même époque c’était 9,3 milliards. Attention toutefois, pour Mai 2015 la collecte nette est de 1,2 milliards, un rythme inférieur au début d’année. Un ralentissement ou un mois peuplé de ponts ? Nous verrons…