Les rencontres sociales de la Chaire TDTE se sont interrogées aujourd’hui sur la thématique du maintien des séniors en bonne santé au travail autour des interventions de Jean-Hervé Lorenzi, Thomas Barnay, Jean-François Husson, Sénateur de Meurthe-et-Moselle et Michel Issindou, Député de l’Isère.
Les intervenants ont d’abord insisté sur le fait que l’état de santé était une variable économique clé, notamment dans sa dimension santé au travail et tout ce qui touche aux débats liés à la pénibilité. Par ce maintien des séniors au travail en bonne santé, on pourrait donc mécaniquement compenser l’effet du vieillissement de la population sur les dépenses sociales (de retraite et de maladie essentiellement). En effet, selon une enquête de l’Insee de 2013, la part des 60 ans et plus devrait passer de 24% en 2014 à 32% en 2060, à noter que c’est avant tout l’état de santé de ces populations vieillissantes qui va déterminer leur consommation de soins. Ainsi, face à ce processus de vieillissement inéluctable, le recul de l’âge légal de départ à la retraite nous pousse donc à investir dans la bonne santé au travail. Cela permettrait alors de stabiliser notre système de retraite par répartition qui est mis à mal puisque le ratio de dépendance économique, c’est-à-dire le rapport entre le nombre de personnes d’âge actif et inactif passera de 0.86 en 2014 à 1,18 en 2060, ce qui signifie qu’il y aura 118 personnes inactives pour 100 personnes actives.
Mais le taux d’emploi des séniors (55-64 ans) demeure relativement faible en France (44,5% en 2012), bien inférieur à la cible des 50% fixée par la stratégie de Lisbonne en 2010. Et les salariés âgés restent une des premières variables d’ajustement lors des différents plans sociaux.
Pour cela, le maintien en bonne santé au travail suppose de mener des politiques globales sur l’ensemble du cycle de vie et non pas simplement de se cantonner à une politique stricto sensu de soins curatifs. Cela pourrait à la fois passer par la prévention, l’investissement dans la formation continue (faisant ainsi le lien entre éducation et santé), l’adaptation et l’aménagement des conditions de travail (en effet, les salariés doivent pouvoir choisir, une flexsécurité du contrat de travail doit être permise selon les préférences et la santé des employés), la mise en place d’une retraite choisie et progressive et enfin la lutte contre le cancer et les pathologies professionnelles prioritaires.