L’Astuce

FMI : 6 pistes pour une réforme des finances publiques réussie et durable

par | Avr 18, 2014 | Actualités

Le problème de la hausse tendancielle des dépenses publiques par rapport à la production économique globale s’est accuenté avec la crise financière mondiale mais il dure en réalité depuis plusieurs décennies déjà. En effet, le périmètre de l’Etat et des services qu’il fournit a lui-même fortement augmenté depuis les soixante dernières années. Par exemple, les dépenses des administrations publiques sont passées de 18% du PIB en 1950 à 43% en 2013 pour les pays développés (on reste actuellement sous la barre des 30% pour les pays émergents et à faibles revenus).

 Hausse tendancielle des dépenses des administrations publiques (en % du PIB)
Néanmoins, si l’on ne fait aucune réforme, la pression à la hausse des dépenses publiques est amenée à se poursuivre. A cet égard, d’après le FMI, en l’absence de réformes, le rythme de progression des dépenses publiques des pays émergents pourraient se situer entre 3 et 6 points du PIB jusqu’à 2050. En outre, le vieillissement de la population (avec une augmentation du coût de la santé et de la retraite publique) et la normalisation de la politique monétaire (avec une augmentation des taux d’intérêt et donc de la charge de la dette) peuvent également expliquer l’augmentation des dépenses publiques.
Face à cela, les gouvernements sont donc contraints de réformer les finances publiques pour assurer leur viabilité. Mais la situation est compliquée puisque, alors même qu’ils subissent une pression à l’augmentation des dépenses publiques, ils doivent encourager des objectifs de croissance et d’équité ; l’équilibre est alors difficile à trouver entre les mesures fiscales à mettre en place et une réforme visant à diminuer des dépenses publiques pourtant nécessaires. En effet, dans les pays avancés comme la France, le rééquilibrage budgétaire s’impose avec de plus en plus d’urgence mais les marges de manoeuvre en termes d’augmentation des impôts sont de plus en plus limitées.
Le FMI préconise donc de s’inscrire dans une stratégie de réforme plus vaste à travers 6 pistes :
– éviter une diminution générale des dépenses, solution radicale qui s’avère inefficace socialement et économiquement
– contenir les dépenses sociales et la masse salariale du secteur public, postes essentiels des dépenses de l’Etat. Pour cela, les gouvernements peuvent d’abord agir sur les retraites publiques (en augmentant progressivement l’âge de départ à la retraite, en protégeant les groupes les plus vulnérables ou en élargissant l’accès en cas de besoin) et les prestations sociales (via des économies budgétaires qui ne compromettent pas les objectifs d’équité).
– réduire les coûts en améliorant l’efficience dans les domaines de l’éducation, de la santé et des investissements publics.
– stopper progressivement la baisse tendancielle du stock de capital public en développant les investissements publics productifs ou bien en augmentant la participation du secteur privé.
– avoir des institutions budgétaires propices à la mise en oeuvre d’une réforme des finances publiques efficace (via, entre autres, une décentralisation ou la mise en place de règles de dépenses efficaces)
– s’appuyer sur un large consensus politique à travers une campagne de communication permettant de limiter les incertitudes politiques et pressions sociales.
Reste désormais à savoir si les politiques auront le courage de mettre en oeuvre ces pistes de réforme en profondeur des finances publiques.

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