L’épargne d’une société vieillissante est, par nature, investie dans des produits à faible risque et dans la pierre, valeur refuge par excellence. Le patrimoine a, en outre, tendance à moins circuler car les héritages interviennent tardivement. Du fait de l’allongement de l’espérance de vie, nous héritons après 60 ans. Les sommes héritées sont affectées à l’achat de biens immobiliers ou placées dans des produits de taux. Il en résulte un assèchement du financement pour les entreprises. Jusqu’à une date récente, cette mauvaise allocation de l’épargne des seniors était jugée accessoire car les banques assuraient la quasi-totalité du financement des entreprises. Mais, avec le renforcement des normes prudentielles, l’accès au crédit est beaucoup plus complexe. Avec 20 millions de retraités d’ici 2030 qui seront les principaux détenteurs de patrimoine, il convient de trouver des solutions pour éviter une sclérose de l’épargne française. Avec une espérance de vie à la retraite de plus de 25 ans, il convient de modifier les comportements et d’éviter une sécurisation excessive de l’épargne dès 60 ou 62 ans. Comme le préconise un rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective sur la « silver-économie », il convient de revisiter le viager pour fluidifier le marché de l’immobilier. En effet, aujourd’hui, la possession d’une résidence principale est une fausse sécurité surtout en cas de survenue d’un problème de santé grave. Le logement n’est pas mobilisable du jour au lendemain. Le vieillissement suppose donc de modifier en profondeur les circuits de financement de l’économie et l’approche de la gestion patrimoniale.
