L’Astuce

La pierre, notre meilleure ennemie ?

par | Déc 2, 2013 | Actualités

En captant une part croissante du capital, des revenus et des forces vives, l’immobilier est accusé de tous les maux. Ce secteur diminuerait la croissance potentielle du pays. Il freine les gains de productivité, pèse sur nos exportations et ampute le pouvoir d’achat des ménages. Pour autant, nous continuons à éprouver les pires difficultés à nous loger. Casser la bulle immobilière serait pour certains une mission de salubrité publique, pour d’autres, un danger du fait du rôle du bâtiment dans le pays. Qu’en est-il ? Au niveau des capitaux, il est certain que la pierre aspire un volume non négligeable de l’épargne disponible avec le Livret A, les plans et comptes d’épargne logement et aussi à travers l’assurance-vie. Par ailleurs, il faut noter que si les Français figurent parmi les premiers épargnants d’Europe, cela s’explique par les remboursements en capital des emprunts immobiliers qui représentent 9 points sur les 15,9 points du taux d’épargne. Même au niveau des investissements d’origine étrangère, l’immobilier fait la course en tête ; il a capté, en 2012, 9 milliards d’euros d’investissement quand l’industrie n’en récupérait que 1,1 milliard (source Banque de France). Le secteur du bâtiment a attiré de nombreux actifs. Jusqu’en 2009, ce secteur a été responsable de 25 % des créations d’emplois. Le nombre d’entreprises a été multiplié par deux en dix ans dans l’immobilier et a augmenté d’un quart dans le secteur de la construction. Cette situation pénalise l’économie française en détournant des capitaux, des femmes et des hommes, des autres secteurs d’activité et notamment des entreprises exportatrices. Du fait des faibles gains de productivité, ce secteur génère également des rigidités au niveau des prix et des salaires qui se diffusent aux autres secteurs d’activité En outre, malgré cette captation et un important soutien public, la France souffre d’un manque cruel de logements estimé au moins à 500 000, manque généré par l’augmentation de la population et des divorces ainsi que par la concentration de la population sur quelques pôles urbains. Même si les prix sont depuis un an orientés à la baisse, cette dernière reste homéopathique. Un véritable retour dans le couloir normal des prix nécessiterait un recul de 20 à 33 % ce que personne n’imagine à court terme.

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