Le chercheur Vincent Touzé de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a publié une note sur le « dividende démographique » entre la France et l’Allemagne. Il est parti d’un constat simple : pendant la dernière décennie, le dynamisme démographique français ne semble pas avoir apporté les dividendes attendus pour la croissance et sur le marché du travail, le dynamisme démographique français ne s’observe pas. Il constate : « en revanche, la santé de l’économie allemande a été étrangement impertinente : le taux de chômage y est faible, la croissance élevée et les finances publiques saines. » En 2012, le taux de chômage frappe 9,9 % de la population active contre 5,6 % en Allemagne. Par ailleurs, les incitations individuelles à travailler semblent moins fortes en France qu’en Allemagne puisqu’on y observe un taux d’activité nettement plus faible avec 70,4 % d’actifs dans la classe d’âge 15-64 ans contre 77,2 % en Allemagne. « Le dynamisme démographique français a peut-être été un handicap, en témoigne la faible capacité de son marché du travail à intégrer sa jeunesse fraîchement éduquée et diplômée : 23,8 % des 15-24 ans sont au chômage en France contre 8,1 % en Allemagne alors que 50,7 % des jeunes Allemands sont déjà actifs contre 37,8 % des jeunes Français. » Par ailleurs, l’Allemagne est souvent critiquée par rapport à ses « mini-jobs » (payés environ 400 € par mois) ou sur ses nombreux temps partiels. Mais il faut se rappeler que la formation des jeunes passe souvent par l’apprentissage, d’où une entrée plus massive et plus précoce sur le marché du travail, avec des emplois à temps partiels ou précaires. D’un autre côté, « en France, beaucoup des jeunes chômeurs sont non-qualifiés. Le dividende démographique dépend de ce que l’on fait des jeunes plus que de leur nombre. » Il conclut sa publication en rappelant les bénéfices mais aussi les risques, d’avoir une population en moindre croissance démographique : « la concurrence est modérée sur le marché du travail, ce qui est favorable à l’emploi et aux salaires ; le nombre de ménages diminue, ce qui réduit la pression sur le coût du logement avec moins d’élèves par classe, il est plus facile d’améliorer la qualité de l’enseignement, etc. Toutefois, le déclin démographique n’est pas une solution car pour fonctionner une économie a surtout besoin de travailleurs, et le vieillissement accroît le ratio de dépendance inactifs/actifs. Cette élévation de la dépendance est un facteur de paupérisation dès lors que l’accroissement de la productivité des travailleurs n’est pas suffisant. La relève démographique devient alors une nécessité. »
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