L’Astuce

L’ÉPARGNE À TOUTES LES SAUCES ?

par | Avr 3, 2013 | Non classé

La consommation représente plus des trois quarts du PIB et est, à ce titre, le principal moteur de la croissance française. Quand les dépenses de consommation diminuent comme cela a été constaté aux mois de janvier et de février, il est vain d’espérer un fort taux de croissance. De ce fait, la tentation est forte pour les pouvoirs publics de la doper en incitant les Français à puiser dans leur bas de laine. Epargner, c’est certes renoncer à consommer mais c’est, aussi et avant tout, préparer l’avenir. A l’exception d’Harpagon, l’épargnant ne met pas de l’argent de côté pour l’unique beauté du geste. Il entend se constituer une réserve pour réaliser un futur investissement, pour anticiper une baisse de revenus, pour épauler ses proches ou pour faire face à d’éventuels imprévus ; il attend aussi que son renoncement lui procure un revenu supplémentaire. Epargner n’est pas une stérilisation mais la participation à une création de richesses. Depuis des années, de rapport en rapport, il est répété que la France souffre d’une insuffisance d’épargne longue pour le financement des entreprises. Ecartelés entre la volonté d’améliorer l’allocation de l’épargne et d’augmenter la consommation, les gouvernements en deviennent schizophrènes. A force de demander à l’épargne tout et son contraire, cette dernière n’atteint plus aucun des objectifs qui lui sont assignés. Avec la raréfaction du crédit, les entreprises françaises doivent pouvoir accéder à de nouvelles ressources sur les marchés financiers. Cette modification des modes de financement suppose d’adapter l’accès aux marchés aux spécificités des PME. Il faut aussi augmenter le nombre et la surface des business angels dont le nombre est 10 fois inférieur à celui du Royaume-Uni. Si le consommateur est supposé futile et compulsif, l’épargnant aime la stabilité et la transparence. La mise en place d’un cadre juridique cohérent de l’épargne constituerait un progrès et une petite révolution.

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