François Fillon, dans une interview au journal « le Parisien » du 12 septembre dernier souligne la nécessité de réformer les régimes spéciaux. Il faut l’avouer, à première vue, une telle déclaration n’est pas électoraliste sauf à considérer que les 95 % des Français qui ne bénéficient pas de ces régimes, souhaitent au nom d’une égalité toute républicaine que les exceptions disparaissent. Néanmoins, force est de constater qu’en 1993, en 1995 comme en 2003, les gouvernements ont préféré, volontairement ou sous le poids de la contrainte de la rue, renoncé à réformer les régimes de retraite de la SNCF, d’EDF, de la RATP, de la Banque de France… Force est de constater que l’opinion publique ne s’est pas rangée derrière les gouvernements mais bien au contraire a soutenu les salariés du secteur public. Implicitement, le rêve était l’harmonisation par le haut et non par le bas. Mais d’où viennent les régimes spéciaux ? Ils sont avant tout l’expression de rapports de force syndicaux, le fruit de l’histoire et liés aux conditions de travail de certains secteurs…
Les régimes de la SNCF, des mines… ont été institués bien avant que le régime général soit instauré en 1945 ; par ailleurs, ils se sont développés dans des secteurs fortement syndicalisés. Aux Etats-Unis, le parallèle avec l’automobile pourrait être fait. Actuellement, cette industrie est, outre atlantique, menacée de disparition du fait de régimes d’entreprise très avantageux issus d’une cogestion. En France, les régimes spéciaux étant adossés à l’Etat, le risque a été reporté sur les contribuables.
Enfin, il est évident que les conditions de travail dans les mines, à la SNCF et dans un certain nombre de secteurs pouvaient à juste titre donné lieu à un départ anticipé à la retraite. L’amélioration des conditions de travail mise en avant par certains pour justifier la disparition des régimes spéciaux est un argument à manier avec délicatesse. En effet, il ne faut pas exclusivement comparer dans le temps mais prendre en compte l’évolution des différents métiers. Les conditions de travail se sont améliorées pour l’ensemble des actifs. Le travail à la chaîne est moins pénible tout comme le travail dans les champs. A-t-on pour le moment reporté l’âge de départ à la retraite de ces professions ?
L’ouverture du chantier des régimes spéciaux s’impose à tous mais il ne doit pas être idéologique ; il doit se faire au cas par cas.