L’Agefi a, dans son édition hebdomadaire du 5 au 11 mai 2006,consacré deux pages à l’inquiétude générée par le problème du financement des retraites à l’échelle mondiale. Guy Marshall a, sur ce sujet, interviewé Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants, et lui a demandé de commenter les derniers résultats du sondage réalisé par le CECOP et l’IFOP.
Questions à… Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants
Vous venez de publier une étude sur les Français et la retraite*. Quel est leur niveau d’information et d’alerte sur cette question ?
Etude après étude, nous constatons que le niveau d’information reste relativement faible. Trois quarts des actifs n’ont pas une vision claire de leurs revenus futurs et de leur retraite. Ce taux atteint même 83 % pour la tranche d’âge de 30 à 40 ans. Il reste un important travail de pédagogie à réaliser quand on sait que les décisions doivent se prendre aux alentours de 35-40 ans si on veut s’assurer un complément de retraite d’un montant correct.
Existe-t-il toujours des clivages politiques ou idéologiques sur le constat et la manière de remédier ?
Clairement, le clivage idéologique et politique d’antan a disparu. Notre étude montre qu’il y a un très large consensus sur le système mixte, répartition-capitalisation. Il est accepté par 62 % des Français, 60 % pour les sympathisants de gauche, 66 % pour ceux marqués à droite. Et même du côté des sympathisants communistes ou d’extrême gauche, on ne relève pas de rejet du système mixte.
Qu’en est-t-il entre les générations ?
Là, en revanche, il y bel et bien une coupure générationnelle. Les moins de 45 ans sont nettement favorables au système mixte. Pour les tranches d’âge supérieures, c’est moins le cas.
Pouvoirs publics, individus, entreprises : sur qui comptent les Français pour leur retraite ?
L’Etat et la Sécurité sociale arrivent largement en tête des citations. Les Français sont tout de même 33 % à penser qu’il revient aux ménages de se prendre en charge. Idem, sur ce sujet, il y a également une coupure générationnelle. En deçà de 45 ans, le choix va sur les ménages. Au-delà, il se porte sur les pouvoirs publics et les entreprises.
Quel rôle précisément pour l’entreprise ?
L’attente est forte. Dans notre sondage, la quasi-totalité des personnes interrogées refuse de reculer l’âge légal de départ à la retraite ou d’augmenter les cotisations. En revanche, le principe de développer un système d’épargne collective en entreprise arrive en tête avec 52 % d’avis favorables, devant la retraite individuelle. On attend de l’entreprise qu’elle mette en place les outils, le Perco en l’occurrence, pour pallier une éventuelle défaillance du système de retraite actuel.
Concrètement, comment les ménages épargnent dans la perspective de leurs vieux jours ?
C’est le verre à moitié plein et le verre à moitié vide, à la fois un sujet de satisfaction et de regrets. Il y a 52 % des non-retraités qui épargnent en vue de leur retraite. C’est un taux important. Il y consacrent en moyenne 1.450 euros par an, ce qui est loin d’être négligeable. Ils cherchent aussi à acquérir leur résidence principale, un comportement assimilé à un placement pour la retraite. En ce qui concerne les produits choisis, c’est le règne de la sécurité et du conservatisme. Il faut savoir – et c’est toujours un étonnement de le constater – que les comptes sur livret sont en tête de liste des produits détenus en vue de préparer sa retraite chez 69 % des Français, devant l’assurance vie et l’immobilier. L’épargne collective est en train de faire sa place avec un taux de détention de 18 %. Le Perp, souvent critiqué et qui a moins de deux ans d’existence, récolte 14 %.