Le succès de la réforme Fillon passait par une décrue des cotisations chômage qui aurait permis d’augmenter en douceur les cotisations retraite.
Or, entre chômage et départ à la retraite, il n’y a pas de lien. L’échec des preretraites le prouve.
La France entre dans une période de turbulences en matière de financement de ces régimes par répartition d’autant plus que les marges de manoeuvres ont disparu depuis très longtemps.
C’est l’histoire d’une chronique annoncée. Les départs massifs à la retraite des ex-baby-boomers requalifiés de papy-boomers et la possibilité de partir à la retraite avant 60 ans pour les salariés ayant cotisé 40 ans, plongent dans le rouge les régimes par répartition.
La loi Fillon ne règle pas le problème des retraites. Ce n’est pas un scoop. Le pari du retour au plein emploi qui la sous-tend n’est, sans surprise, pas au rendez-vous pour aujourd’hui et certainement pas pour demain.
En 2005, la Caisse nationale d’assurance-vieillesse sera déficitaire de 2 milliards d’euros.
L’Arrco sera déficitaire de 3,1 milliards d’euros en 2005 et de 2,3 milliards d’euros en 2006.
L’Agirc enregistra une perte de 450 millions d’euros cette année et de 200 millions l’année prochaine.
Le déficit de la CNAV se creuse en partie du fait de l’autorisation donnée à ceux ayant cotisé 40 ans et ayant moins de 60 ans de partir à la retraite. Cela a concerné 100 000 personnes cette année et cela devrait concerner 120 000 personnes en 2006. Le coût pour les régimes de retraites est évalué à 3 milliards d’euros pour 2005 et 2006.
Les déficits de la CNAV et des complémentaires serait de 4,3 milliards d’euros en 2020 et pourrait atteindre 52 milliards d’euros en 2050 selon une note confidentielle du Conseil d’orientation des retraites.
Au 1er janvier les cotisations « retraite » augmenteront de 0,2 point conformément à la loi Fillon. Cette augmentation ne permettra que de réduire l’envolée du déficit et non de revenir à l’équilibre. Certains évoquent la nécessité d’une remise à plat des règles de financement. Cette remise à plat était initialement prévue en 2008.
Le Fonds de réserve des retraites ne sera pas d’un très grand secours. En effet, il devait accumuler pour plus de 150 milliards d’actifs d’ici 2020 ; or depuis la privatisation du Crédit Lyonnais, rien n’a été versé. Au mieux, il pourrait atteindre 60 milliards d’euros.
Pour mémoire, en 2005, 13 millions de pensionnés. Le nombre de départs à la retraite devrait passer de 553 000 à 700 000 en 2012.