Plus de 200 personnes ont assisté à Tours, jeudi 24 février, au Rendez Vous Conseil de GPA organisé par Didier Reynaud, directeur marketing et communication de GPA avec la participation de Marc Fabayre pour Generali, François de Witt (journaliste à France Info) et Philippe Crevel pour le Cercle des Epargnants.
« Intervention de Philippe Crevel prononcée à Tours le jeudi 24 février 2005 »
Le Cercle des Epargnants est une association regroupant plus de 10 000 adhérents. Son objet est de souscrire des perp avec des compagnies d’assurance, de représenter et de défendre les titulaires de perp.
Le Cercle des Epargnants, en partenariat avec le Groupe Generali a créé un observatoire de la retraite qui tous les 6 mois avec la Sofres réalisera une étude, un sondage sur la question.
Notre première étude a été réalisée à la fin de l’année dernière et a été rendue publique il y a quelques jours (elle est consultable sur www.cercledesepargnants.com).
De cette étude nous tirons plusieurs enseignements que je souhaite succinctement vous exposer.
Ce n’est pas une surprise et votre présence ici le confirme :
Face à l’avenir des retraites, il y a
· une lourde et persistante inquiétude · de nombreuses confusions
· des attentes indéniables
Près de 60 % des Français sont inquiets pour leur retraite et plus on est jeune, plus on est inquiet.
. Les moins de 35 ans sont les plus convaincus de l’explosion du système actuel.
Près des trois quarts des Français estiment qu’ils toucheront une retraite plus faible que les retraités actuels et pour plus des deux tiers qu’elle sera insuffisante pour financer leurs dépenses.
70 % des Français estiment que la loi de 2003 sur les retraites n’a pas sauvé le régime par répartition.
Cette prise de conscience est assez logique. Depuis des années, nous sommes alertés sur les menaces qui pèsent sur les retraites
Cela traduit un profond pessimisme en l’avenir qui est, sans nul doute exagéré. La peur en l’avenir est liée aussi à une perception incertaine du présent.
Même si à tort ou à raison, on considère que tout se dégrade, jamais le pouvoir d’achat des retraités n’a été aussi élevé (je parle de moyenne). François de Witt le souligne avec humour et justesse dans l’essai qu’il vient de publier.
Il n’en demeure pas moins qu’il y a un problème de financement des retraites :
Le problème du financement des retraites est un phénomène occidental voire mondiale
Il n’y a pas de spécificité française.
Double choc démographique :
· Le choc de l’allongement, un trimestre de plus chaque année, plus de 76 ans pour les hommes ; 84 ans pour les femmes. · Le choc en retour du baby boom que l’on appellera papy boom, c’est-à-dire l’arrivée des classes d’âge du baby boom à l’âge de la retraite avec en corollaire la légitime obligation de servir des pensions complètes non plus seulement aux hommes mais aussi aux femmes dont le taux d’activité dépasse désormais 70 %. Autour des années 2010, il y aura plus de personnes de plus de 60 ans que de personnes de moins de 25 ans.
En 2040, 7 millions de personnes auront plus de 80 ans contre un million aujourd’hui.
Une fille sur deux née cette année vivra 100 ans.
Tous les pays occidentaux sont confrontés à ce double choc et tous ont mis en œuvre des réformes.
La France ne s’en sort pas aussi mal que ça. On est presque dans la situation de renouveler les générations ; on se rapproche de l’indice de fécondité de 2,1. On est à 1,91 très au-dessus de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne. Seule l’Irlande fait mieux que nous en Europe.
Même les pays en développement ou en phase de décollage économique sont concernés par le vieillissement de leur population.
La Chine est confrontée à un papy boom à l’échelle de la taille de sa population. La régulation des naissances mise en œuvre depuis 40 ans remet en cause leur système de protection sociale.
Pas de spécificité démographique, mais une spécificité en matière de financement
La spécificité française, c’est le poids de la répartition. Pour des raisons historiques et sociologiques, la France a opté à la sortie de la seconde guerre mondiale pour un régime par répartition, les cotisations versées par les actifs servant à financer les pensions des retraités. Régime de base et régimes complémentaires. Nos partenaires ont souvent un régime de base par répartition et des régimes complémentaires par capitalisation.
Il y a eu une équation, un triangle magique pour la répartition :
· Nombre d’actifs élevés d’autant plus que le taux d’activité féminine progressait
· Nombre de retraités faibles avec peu de femmes qui avaient des pensions complètes
· Une forte croissance des salaires sur lesquels étaient calculés les cotisations retraites.
Cette équation magique s’est étiolée.
· De plus en plus de retraités avec des carrières complètes
· Une croissance incertaine
· Un chômage élevé
· Un nombre d’actifs moindre
Au triangle magique a succédé le carré maléfique.
Face à l’évolution démographique quasi certaine, quels sont les enjeux :
Deux réformes : 1993 et 2003
La loi Fillon règle environ la moitié des problèmes à l’horizon 2020. Régime privé et public, il manque environ 20 milliards d’euros pour équilibrer les régimes en l’état actuel de la conjoncture.
Allongement de la durée de cotisation, réforme du régime des fonctionnaires. Elle complète les mesures prises en 1993 de désindexation des retraites des salaires et l’allongement de la durée de cotisation pour les salariés du privé.
Solutions pour franchir le cap 2040° :
· Augmentation des cotisations ;
· Augmentation des impôts ;
· Développement de l’épargne retraite.
Face à cette situation, le sondage confirme les précédentes enquêtes réalisées depuis des années. 58 % des Français ont conscience de la nécessité d’évoluer vers un système mixte, répartition/capitalisation
Capitalisation, c’est-à-dire un système en vertu duquel les cotisations sont placés comme dans des produits d’épargne en vue d’alimenter une rente perçue au moment de la cessation d’activité.
L’opposition capitalisation/répartition était assez stérile d’autant plus que des régimes par capitalisation existent en France depuis des années : salariés de la banque de France, Préfon, Loi Madelin.
Pour faire simple, seuls les salariés du secteur privé ne pouvaient pas accéder à des produits d’épargne retraite individuel bénéficiant d’un régime fiscal incitatif.
Il y a une complémentarité des deux régimes. Surtout, il n’est jamais bon d’avoir ses œufs dans le même panier. Il n’y a pas de substitution à opérer. Compléter et tirer partie des avantages des différents régimes.
Nous faisons tous de la capitalisation comme monsieur Jourdain de la prose.
Vous allez me dire mais comment peut-on épargner davantage ?
La France est un pays de l’Epargnant roi.
Le taux d’épargne des Français est très élevé, plus de 15 % du revenu disponible brut (à comparer à celui des Américains qui tournent autour de 2 %). Le taux d’épargne est si élevé que les gouvernements prennent régulièrement des mesures pour inciter les Français à consommer et à s’endetter.
Les actifs financiers représente 2888 milliards d’euros (la dette de l’Etat c’est 1000 milliards d’euros).
Les nouveaux produits d’épargne retraite n’ont pas cannibalisé les anciens ; l’assurance-vie en collecte a connu une bonne année 2004.
L’étude Sofres démontre que 36 % des Français épargnent pour la retraite et parmi ceux qui n’épargnent pas 61 % ont décidé de le faire à court ou à moyen terme. Ce taux monte à 87 % chez les moins de 35 ans.
Les Confusions
Le montant à y affecter.
Ceux qui épargnent pour la retraite déclarent y consacrer 33 % de leur épargne. Ils jugent que ce montant est insuffisant.
Les Français jugent qu’il faudrait que plus d’un cinquième de leur revenu soit affecté à l’épargne retraite pour obtenir une pension correcte.
Il n’y a pas de taux miracle. Il y a un taux en fonction de son patrimoine, de son revenu, de ses besoins en matière de pension.
Trop d’information tue l’information
Plus de 60 % des Français s’informent en matière de retraite mais 64 % considèrent ne pas avoir une vision claire des revenus qu’ils auront au moment de leur cessation d’activité.
Quels produits pour l’épargne retraite ?
Le marché de l’épargne est un marché extrêmement conservateur :
· Importance de l’assurance-vie
· Importance de l’épargne de précaution à court terme.
En matière d’épargne retraite, le sondage souligne que les Français privilégient les placements traditionnels
· L’assurance-vie dans près de la moitié des cas,
· L’immobilier
· Les comptes sur livret
Que ce soit pour ceux qui épargnent ou ceux qui déclarent vouloir le faire.
Pour corriger cette vision, ce sont les produits que les pouvoirs publics ont le plus aidé fiscalement.
Dans les faits, l’épargne financière se répartit de la manières suivante :
1/3 en dépôts à court terme
1/3 en actions et obligations
1/3 en assurance.
Ce qui est rassurant ; c’est que pour plus de la moitié des Français, ces produits ne sont pas satisfaisants pour préparer la retraite.
La place des nouveaux produits
Le perp a gagné la bataille de la notoriété mais pas celle de l’identité. 61 % des Français ont entendu parler du Perp ; c’est bien pour un produit qui a moins un an d’existence.
Il n’est pas perçu encore réellement comme un produit retraite. Vendu pour des raisons fiscales et un peu à la chaîne sur certains comptoirs bancaires, il n’a pas encore trouvé toute sa place.
Il a été égratigné dans plusieurs articles. C’est un sport français. Tout nouveau produit d’épargne connaît son bizutage. Les produits Madelin avaient été copieusement sifflés les premiers mois pour après connaître un beau succès. Le PEA ou le PEP aussi avaient éprouvé quelques difficultés pour s’imposer. Critiques exagérées :
Fin 2004, plus de 1,27 millions de personnes avaient souscrits à un perp.
L’âge moyen est plus jeune que pour les autres produits : 38 ans contre 48 ans pour l’assurance-vie.
Qu’est-il reproché au Perp ?
La sortie en rente : L’étude Sofres prouve que le premier objectif des Français en matière d’épargne retraite est d’avoir un revenu fixe par mois, loin devant un capital.
Le danger de recourir à des produits d’épargne pour préparer sa retraite. Les dispositions applicables au Perp sont plus contraignantes que celles en vigueur sur les autres produits et l’assurance-vie en particulier.
Le pessimisme de certains journalistes n’est pas confirmé par l’étude : un sondé sur deux mentionne son souhait de souscrire à un Perp. Un sondé sur deux a évoqué la possibilité de souscrire un perp.
Qu’attendent les Français en matière d’épargne retraite et de Perp en particulier
· La sécurité : 80 %
· La transparence
· La performance
En conclusion, des attentes à satisfaire
La guerre des retraites n’aura pas lieu car les Français disposent de tous les outils pour préparer leur retraite :
Il y a les régimes de base : général et complémentaire : par répartition
Et toute une batterie de produits d’épargne retraite : collectif ou individuel
Il y a l’embarras du choix.
Ce qui est important c’est de savoir ce que l’on souhaite, c’est de disposer d’éléments clairs d’information.
Compte tenu de la diversité en matière de patrimoine, en matière professionnelle, il est difficile en quelques secondes de conseiller tel ou tel produit.
Pour certains, la priorité ce sera la réalisation d’un projet immobilier ; pour d’autres, ce sera la souscription d’un contrat d’assurance vie.
La retraite n’est plus comme il y a un siècle l’attente de la mort, c’est bien souvent une seconde vie qui commence, vie qui comporte deux parties, la première 60/80 pour simplifier et la seconde après 80 ans.
Les besoins ne sont pas les mêmes : loisirs, voyages dans la première partie, problèmes liés à une éventuelle dépendance.
Besoins financiers et d’assistance spécifiques : adapter les produits d’épargne retraite : la capitalisation est par nature plus adaptable que la répartition.
L’épargne retraite est un engagement lourd ; on verse 10, 20 voire 30 ans et on touche une rente, 10, 20 voire 30 ans, voire plus.
Il est donc indispensable de rencontrer des conseillers de qualité qui connaissent parfaitement le dossier retraite et qui sont formés