L’Astuce

Conférence de presse du 1er février 2005 : intervention de Jean-Pierre Thomas

par | Jan 30, 2005 | Actualités


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Jean-Pierre Thomas est intervenu lors de la première conférence de presse du Cercle des Epargnants. Il a souligné l’importance du marché de l’épargne retraite et le rôle que doivent jouer les associations dans le développement du Perp.

Philippe Crevel :
Merci pour ces analyses du sondage. Donc, Jean-Pierre Thomas, qu’est ce que vous inspire en fait cette première étude, après 7 mois de vie pour le PERP et aux vues des résultats qui ont été communiqués la semaine dernière par la Fédération des Sociétés d’Assurances.

Jean-Pierre Thomas :

Bien, je voudrais d’abord remercier le Cercle des Epargnants de son invitation, saluer les journalistes qui suivent ce sujet dont avec beaucoup d’entre eux depuis des années, les visages me sont connus d’ailleurs, nous cheminons et nous conversons sur le même thème et vous dire qu’au fond, le Cercle des Epargnants incarne aujourd’hui, j’écoutais vos commentaires et votre observatoire, incarne au fond cette démocratie de l’épargne, avec comme vocation à la fois la représentation des épargnants, que vous avez indiquée tout à l’heure, l’information, ce que nous faisons aujourd’hui, conversation et analyse, dialogue avec les journalistes qui ont évidemment une mission essentielle sur ce sujet et la réflexion. Et c’est dans ce cadre qu’avec vous, je suis tout à fait heureux de réfléchir, et de partager quelques analyses ce matin en présence des professionnels de l’assurance.

Avant de rentrer dans le vif du sujet et de rebondir sur l’excellente étude qui a été faite, je voudrais faire remarquer qu’il ne faut pas prendre le sujet par le petit bout de la lorgnette parce que bien entendu, il ne s’agit pas seulement du problème de la retraite. On est sur le Plan d’Epargne Retraite Populaire, à mon avis on s’est trompé de P, c’est plus Personnel que Populaire. On voit bien dans l’étude que l’on n’est pas sur un produit populaire. Un produit populaire, c’est plus le PERCO, en fait, c’est des fonds de pension à la française. Le mot populaire ne rime à rien, les études le montre. Ce n’est pas ça le sujet en fait. Bien sûr il s’agit des retraites de demain, c’est clair. Mais il s’agit aussi de la compétitivité de notre pays et de l’attractivité des entreprises. Et en fait, à travers ce thème de l’épargne retraite, bien sûr venant de moi ça ne vous étonnera pas, ce thème des fonds de retraite à la française, au fond, c’est ça, c’est tout le problème de la compétitivité du site France.

Si nous ne faisons pas réussir et si le supplément de retraite par l’épargne balbutie et ne réussit pas, je veux dire que la France ne résoudra pas son problème de retraites, puisque la réforme ne suffira pas à résoudre le problème. C’est une bonne réforme, mais elle résout le problème à 60%. Il reste 40% du financement qui doit être compensé par l’effort d’épargne. Au volet sécurité et solidarité, ajoutez le volet responsabilité et épargne retraite. Et que si les systèmes de complément au système de capitalisation ne réussissent pas à s’installer vraiment, à rentrer dans la culture des Français, on aura la n+unième quel que soit le gouvernement, quelle que soit leur couleur, c’est la même chose d’ailleurs, pour de nouveau faire une réforme. Ce sera quoi cette réforme ? Ce sera une nouvelle augmentation des coûts évidemment salariaux, si on avait vraiment besoin de ça sur la compétitivité du pays, sur les délocalisations, c’est pas à des experts d’analyse que vous êtes ici que je vais l’expliquer, vous le savez aussi bien, même mieux que moi, c’est un vrai sujet, alors que tous les grands pays européens sont en avance et ont quasiment réussi ce sujet là.

Le deuxième thème, c’est l’attractivité de nos entreprises. Parce que le parlementaire en retraite qui prend beaucoup de recul pour commenter tout à fait de façon décontractée devant vous ce sujet là, je vois bien depuis quelques années au contact des entreprises, fusions/acquisitions…, que l’attractivité de nos entreprises est un vrai sujet aussi. Pourquoi ? Parce que quand un jeune, cadre, technicien supérieur ou ingénieur, a le choix en sortant de ses études entre une entreprise française où il n’y a pas vraiment de système de supplément, de notion de rémunération globale et de fonds de pension à la française, on démarre, regardez le PERCO, il n’est pas encore tout à fait connu, il y a des système d’épargne salariale dès 83…enfin, tout ça n’est pas si bien répandu, en tout cas pas bien perçu, il y a un flou artistique dans tout ça, hé bien on est tenté d’aller dans de grands groupes internationaux qui, eux, ont un système, et réussissent vraiment à avoir une notion de rémunération globale, et toutes les entreprises anglo-saxonnes, on le sait bien, regardez les statistiques un peu des entreprises situées à Londres ou ailleurs comme elles sont attractives pour un certain nombre de cadres supérieurs et de jeunes talents qui ont tendance évidemment à fuir le territoire.

Donc c’est un grand sujet. Je me permets de vous le dire, m’étant battu pendant des années là-dessus, et je sais que j’ai une oreille attentive, ce qui n’empêche pas d’avoir le pouvoir d’analyse, de critique qu’est le vôtre, je le dis aux journalistes, c’est le but ce matin de ce point presse, je le dis aussi au GERP, qui a une mission d’information. Il ne faut pas voir ce problème uniquement par le petit bout des choses, on va rentrer dans le détail de ce Plan d’Epargne Retraite dit populaire, mais c’est un vrai sujet, il faut que la France réussisse ce cap.

Alors, je crois que dans l’ambiance générale, qui est souvent de dire, au fond, ça va pas marcher, c’est la sinistrose habituelle, d’ailleurs, quand il y a quelque chose de nouveau dans notre pays, par définition, ça ne devrait pas marcher et puis, par définition, quand ça marche, c’est bizarre. Alors, ce sondage est très intéressant parce que c’est la démonstration, en fait, que l’on s’est trompé et c’est un camouflé par rapport aux idées reçues. Parce que quand j’étais jeune, plus jeune parlementaire, j’avais déjà les mêmes idées et il y avait déjà une partie des mêmes réponses, parce que les Français n’ont pas changé d’avis tous les 8 jours. Parce que des sondages, on en avait déjà fait faire à l’époque, la Commission des finances, les assureurs s’étaient occupés de ça, les institutions de prévoyance et autres… Alors la première idée, c’est que les Français sont défavorables aux fonds de pension, c’est faux. C’était déjà faux il y a 10 ans, parce qu’on a commencé sur ce sujet il y a 10 ans.

En 1994, j’avais déjà demandé des études, pour voir si je me lançais sur un terrain miné ou pas miné. J’ai vu qu’il était miné, mais au moins, il y avait un terrain, bon. Et on avait déjà comme réponse que les Français étaient favorables à ce système par répartition et par capitalisation, un système mixte. Ça n’a pas changé : 58%, 10 ans après. C’est une idée reçue que les Français ne veulent pas de supplément par capitalisation. Il y a une constante dans l’opinion qui dépasse tous les clivages politiques, idéologiques et autres, c’est clair. Alors la deuxième chose, je le vois dans le sondage en écoutant studieusement le commentaire tout à l’heure et en regardant le sondage, que j’ai regardé quelques jours auparavant avec vous, les Français ne sont pas mobilisés pour les problèmes de retraite. Entre guillemets, on m’avait toujours dit « Monsieur Thomas, vous perdez votre temps, ça n’intéressera personne. ». C’est faux ! C’est faux parce que 56% d’entre eux sont inquiets et ils étaient encore plus inquiets quelques années au précédent, il y a 10 ans, ils étaient encore plus inquiets, ils le sont un peu moins aujourd’hui, parce qu’il y a eu une réforme du système par répartition qui est une bonne réforme, qui n’est pas complètement suffisante, d’ailleurs on ne le voit qu’après la réforme.

On nous avait dit aussi : « il suffit de réformer la répartition et puis on règlera le problème. ». On a réformé la répartition et on a 70% des Français qui ne sont toujours pas plus c
onfiants. Donc, là aussi, c’est faux, c’est-à-dire que ce n’est pas une simple réforme de la répartition qui résout le problème. Donc il faut faire attention aux idées reçues. Ce sondage est un sérieux camouflet à ces idées reçues. Alors, on voit aujourd’hui qu’on nous avait dit que les jeunes ne s’intéresseraient absolument pas au sujet. De même que dans les entreprises, quand on aborde les grands systèmes d’épargne collective, on nous dit : « les jeunes ne s’y intéressent pas, ils ne sont pas concernés, vous perdez votre temps. ». Or, aujourd’hui, on observe que les jeunes s’intéressent à la retraite. Parce que je regardais tout à l’heure le sondage, dans les 25-34 ans, il y a 25% des épargnants pour le PERP et 39% sur les 35-44 ans. Ce qui est logique d’ailleurs, parce que dans les 40-45 ans, il est complètement logique de commencer à épargner puisque c’est à peu près à cet âge là qu’en épargnant 100 euros régulièrement on obtiendra à peu près 100 euros… Avec 100 euros de cotisation, 100 euros de retraite. Parce qu’à 60-65 ans avec à peu près 25 ans d’espérance de vie, c’est à peu près en gestion financière classique ce qu’il faut pour intégrer l’augmentation des prix, l’augmentation du pouvoir d’achat, retrouver en gros 100 euros de supplément de retraite. C’est l’âge auquel il faut se préoccuper de sa retraite. Et en fait les gens l’ont perçu. On nous avait dit : « ça n’intéressera pas les jeunes ! », donc c’était faux. Et puis, enfin, on nous avait dit : « le PERP sera un échec ». Ca n’est pas un échec. Je vais tout à l’heure relativiser le raisonnement et je souhaite, moi qui suis un type qui essaie de prendre du recule et évidemment avec beaucoup d’indépendance… Ca n’est pas un échec, là aussi c’est faux. Parce que 1,2 millions de PERP signés, 100 millions d’euros collectés, c’est peut être inférieur à certaines prévision, en tout cas c’est déjà un beau résultat. Donc, je pense sur ce sujet il y avait, là comme sur beaucoup d’autres, une sorte de pensée unique. Mais la pensée unique est là largement contredite par les faits et par les études d’opinion. En tout cas, celle-là le démontre.

Alors, il y a aussi un point important, transition vers la deuxième partie, sur en fait l’analyse du démarrage de ce fonds de pension à la française, c’est qu’il y a un déficit d’information. Parce que ce qui m’a paru très intéressant dans votre sondage, qu’a fait faire le Cercle des Epargnants, c’est qu’au fond, 74% des gens s’intéressent au sujet et pour ça, font confiance à la presse et aux médias. Je ne dis pas ça pour vous faire plaisir, mais c’est un rôle essentiel, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, par rapport à un sujet qui est un sujet grave, quand même, sa retraite etc…. c’est un vrai sujet qui préoccupe les gens, on le voit, qu’est ce qu’on fait ? Et bien on lit les journaux, les magazines et on regarde…donc je le dis aux journalistes, et ils le savent, je ne dis pas ça pour vous flatter mais c’est un vrai sujet, on a ensemble un vrai devoir d’information. Et là-dessus, les professionnels ont un déficit encore. C’est seulement 27% des gens interrogés qui déclarent au fond aller chez un professionnel pour s’informer. Et on avait dit au début que le PERP était plutôt une réussite pour les banques et plus ou moins une réussite pour les assureurs, c’est complètement faux, car si vous regardez ce rôle de l’information, en fait les assureurs et les banquiers sont au même niveau, 27%. Donc en fait, le travail est encore à faire. Les banquiers ont certainement je pense vendu plus de PERP en nombre, parce que bien entendu on a quand même regardé l’habillage des bilans, et il est évident qu’on a vendu beaucoup de PERP, mais c’est un démarrage et c’est la transition vers le deuxième point, on a dans ce PERP cette année, un démarrage un peu en trompe-l’œil.

Et que le vrai démarrage du PERP devrait se faire l’année prochaine ou l’année d’après. On avait connu ça, et je parle à des gens qui suivent ça depuis des années : souvenez-vous du Madelin, c’est pareil. Il y a eu un démarrage en trompe-l’œil, et le vrai démarrage a eu lieu quelques temps après. On aura cette même courbe avec ce même point d’inflexion tant sur les chiffres absolus, donc la réussite du produit, moi je pense que ça marchera, j’en suis tout à fait convaincu. Il est en trompe-l’œil parce que je ne suis pas sur aujourd’hui d’un point de vue personnel, mais enfin je vous le livre, qu’on ait pas privilégié un peu la vente au guichet, au fond on était peut être là pour un découvert pour de repeindre la barrière, pourquoi pas signer un PERP au passage. Tout cela est bien mais il y a quand même un devoir d’information : c’est qu’il y a des gens qui ont souscrit des PERP et qui ne savent toujours pas que c’est pour la retraite. Et il y a quand même un flou artistique. Donc pour faire réussir le système, je le dis aux professionnels, assureurs et banquiers, le monde mutualiste et les assureurs sont bien placés en termes de capacités de conseil, il y a une vraie mission de conseil. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de vendre un PERP comme on vend des petits pains, il s’agit de faire une véritable analyse patrimoniale, de savoir exactement le niveau de remplacement au niveau de la retraite, d’ailleurs les gens le souhaitent, vous l’avez vu dans le sondage. Et il y a encore un flou.

Les réformes nous ont promis que dans quelques temps on pourrait avoir un vrai bilan sur sa retraite. Moi, personnellement, j’ai demandé à mon comptable de regarder pour la mienne, c’est compliqué, ancien parlementaire et tout ça, il ne peut toujours pas me donner de résultat. J’attends qu’il me le donne, je vais regarder un peu ce que ça va donner. Donc je constate par moi-même, en paysan concret, que quand on veut regarder les choses de près, même quand on est organisé et qu’on a bien gardé les documents, ce qui est plutôt mon cas, et qu’on sait à peu près de quoi on parle, j’essaie de savoir de quoi je parle, on a toujours pas forcément un bilan très précis. Alors imaginez les braves gens qui ont autre chose à faire, d’autres préoccupations et un peu moins versés sur le sujet, ce que ça donne !

Bon, aujourd’hui, il y a une vraie mission de bilan pour savoir où on en est sur sa retraite. Ce qui n’est pas fait, d’où l’inquiétude des Français, c’est le flou et l’inquiétude, c’est le flou, je ne vous apprends rien. Il faut que les gens aient des bilans précis, ça les réformes, le gouvernement a déjà pris là-dessus des mesures mais enfin ce n’est pas encore concret. Et à partir de là, les professionnels doivent reprendre le ballon pour dire « voilà ce qu’on vous propose et par rapport à votre situation fiscale, voilà ce qu’on vous propose ». Parce que vendre un PERP à quelqu’un qui par ailleurs a saturé le plafond et ne paie pas l’impôt sur le revenu, expliquez-moi l’intérêt. Parce que là, ce n’est pas populaire du tout, parce que pour épargner, il faut avoir une capacité d’épargne. Et pour bénéficier d’un avantage fiscal, il faut quand même payer des impôts. Si tant est d’ailleurs que l’avantage fiscal, c’est pas tout, puisque l’avantage fiscal 7% d’entre eux disent que c’est vraiment l’important. Et que l’important finalement, c’est qu’ils ont souscrit un PERP, certain ne savaient pas trop que c’était un produit d’épargne, d’autres pour la retraite, mais ce n’est pas l’avantage fiscal qui a été déterminant. Ça aussi c’est une idée reçue qu’il faut bien avoir à l’esprit. Et donc, il y a une vraie mission de conseil, et je pense que les vrais chiffres vont réussir : on va avoir les vrais chiffres et un vrai démarrage, je pense, courant 2005. là, il y a eu un effet d’esbroufe sur les chiffres, qui est positif, mais quand on regarde à l’intérieur, il y a des aspects un peu négatifs et à mon avis c’est ce manque de conseil, ce manque de prise de conscience qu’on a un produit pour la retraite et on le voit après il y a e
n France aujourd’hui une non allocation de l’épargne.

L’épargne est un peu disséminée, on va y revenir. Il est clair, pour poser les idées, qu’on a un marché devant nous. Ça c’est clair. Je regardais les chiffres tout à l’heure, j’ai pris quelques notes : 36% des Français ont pris la décision d’épargner, 60% de ceux qui n’épargnent pas veulent le faire, ils veulent même y mettre 33% de leur épargne ; ça c’est la bonne conscience française, parce que, entre nous, ils mettraient 10%, c’est très bien. Parce qu’en gros, les études montrent, on va pas me contredire dans la salle, on sait tous ça, c’est à peu près 10% du revenu qu’il faudrait épargner pour maintenir à peu près. Alors ils déclarent vouloir épargner 20%, c’est bien. Mais déjà, qu’on épargne 10% ce sera parfait. Il faut aussi remettre les choses à leur place et donner des vrais chiffres.

On a un PERP qui a gagné la bataille de la notoriété. Ça c’est clair. Ceci dit, on a des fonds de pension à la française, les PERP, qui n’ont pas gagné la bataille de l’identité.

Ça, je pense que c’est un vrai sujet. Parce que si l’indice de notoriété est supérieur à 60%, il n’est pas perçu comme un produit retraite. Et ça quelque part, c’est un peu un échec. Il n’y a pas q’une réussite dans le PERP. On est pas là pour vous dire désolé, tout est parfait. Je suis un individu plutôt positif, ça, c’est clair, mais enfin réaliste. Et aujourd’hui, il y a un problème de pédagogie et d’information parce ce que la moitié des épargnant qui auraient souscrit un PERP n’a pas eu le sentiment d’avoir pris un produit pour préparer leur retraite. C’est ce qui ressort clairement du sondage. C’est la démonstration de ce que je vous disais précédemment, qu’on a vendu des PERP un peu comme ça. Ça, c’est un vrai sujet, ça je le soumets à votre réflexion et là, on a un devoir d’information et les professionnels ont un devoir de pédagogie.

Alors, le problème que j’évoquais à l’instant de la non acception de l’épargne. Dans notre pays, là c’est peut être l’ancien parlementaire en retraite qui parle, mais enfin, les journalistes avertis que vous êtes, qui commentez ça au quotidien pour certains d’entre-vous, il est clair que c’est quand même d’une complexité sans nom, le paysage de l’épargne en France. Il n’y a pas une majorité d’ailleurs qui simplifie les choses. Et aujourd’hui, tout le monde est un peu perdu. On voit qu’on continue quand même à avoir un certain nombre de produit et que les gens s’y perdent. Donc on a quand même devant nous, je pense, à simplifier du moins déjà dans l’explication et après dans les faits, il y aura certainement des produits à supprimer, le gouvernement l’a déjà fait en partie, en tout cas à mon avis, il faut aller beaucoup plus loin pour que les gens aient devant eux des systèmes d’épargne beaucoup plus simples. Et sur les différentes techniques d’épargne, on voit quand même qu’il y a encore une sur représentation de l’épargne à court terme, une sur représentation des produits obligataires et monétaires, une sous représentation de l’action, en France, un problème de culture de l’épargne. C’est clair.

Cette culture de l’épargne n’est pas encore présente dans notre pays. Toutes les analyses le montre. Le Cercle des Epargnants, comme tout les groupements d’épargne retraite populaire et les assurances, a un vrai devoir là-dessus. Et quand je disais en introduction de mon petit commentaire pour ouvrir notre débat, la démocratie de l’épargne, ce n’est pas la nostalgie des bons mots ou des effets de manchette ou des bonnes phrases, comme on a vu faire dans d’autres temps. C’est une réalité ! C’est que la démocratie de l’épargne, ce pays en a besoin. L’épargne ce n’est plus celle des autres ou des quelques gens très (changement de cassette)…. C’est le problème de tout le monde, il y a un problème de culture, regardez aujourd’hui la méconnaissance du marché actions, la frilosité par rapport à des produits plus dynamiques, la confusion sur les produits retraite, pas retraite, il y a donc un vrai problème de culture, et il y a une vraie mission, je reviendrai à la fin là-dessus, de ces groupements d’épargne retraite populaire, il y a véritablement quelque chose à prendre en marche et pour faire évoluer les choses. Alors ce produit est un produit qui souffre de la complexité, l’administration française a excellé dans l’art qui est le sien de compliquer les choses. Quand j’étais parlementaire, j’avais fait voter la loi dite Thomas sur les fonds de pension, j’avais passé quelques nuits blanches avec les collaborateurs de l’Assemblée Nationale à faire en sorte que le texte voté par la représentation nationale ne soit pas dévoyé sur l’application administrative des choses. Cela nécessite un peu de travail, c’est dans la technique, c’est un art d’exécution, on rattrape tout, parce qu’après dans la technique et dans les décrets, si on ne fait pas attention, le texte allait là et la réalité va ailleurs. On a un peu trop de complexité, le système va dans le bon sens, je ne vais pas jouer devant vous les anciens combattants, je suis trop jeune pour le faire, la loi Thomas était certes peut-être un peu plus simple, plus globale, plus compatible avec ce qui se fait ailleurs et dans le monde, mais ça c’est le passé. Ce système a le mérite d’exister, c’est plutôt un bon système, à nous, informateurs, professionnels de le faire réussir et en tout cas ce qui reste dans le champ des politiques, c’est certainement un toilettage pour avoir moins de complexité.

On voit aujourd’hui quand même que les contraintes réglementaires sont un peu amenés au pied pour ces produits, les règles de cantonnement sont quand même très strictes, on a voulu hyper sécurisé, je comprends l’idée mais on peut aussi faire confiance aux professionnels du marché, et le problème des interdictions des rétrocessions, on a voulu aller dans notre bon réflexe français de tatillon, d’aller dans tout, de vouloir tout réglementer… On est allé un peu loin et aujourd’hui j’observe avec le recul nécessaire, que beaucoup de professionnels ont quelque fois du mal, je parle des journalistes pointus qui suivent des sujets précis, on a du mal à motiver les réseaux au niveau de la rémunération des réseaux, de l’intérêt, il est plus rémunérateur de vendre de l’assurance vie que de vendre des nouveaux produits. IL faut que ce soit transparent, mais pour que ce soit transparent, il y a des GERP, il faut qu’ils existent, il faut que tout soit clair, la compétition joue, à partir du moment où l’on sait quels sont les coûts et que les GERP sont là pour défendre et informer, il n’y a pas de problème, mais que l e règlement impose des contraintes telles que quelques fois on voit bien que les réseaux sont plus ou moins motivés pour vraiment faire ce devoir d’information, de formation et d’assurer le décollage du produit, ça c’est un vrai sujet, et je pense que le PERP, après sa première année, et c’est normal, comme tout jeune produit qui sort, il s’agit d’y faire quelques petits toilettages pour éviter les complexités. C’est un sujet sur lequel il faut s’atteler. Je prendrai juste un petit exemple, sur les allocations d’actifs, on le voit dans le sondage et c’est intéressant, il faut donner le choix, c’est le cas, il faut des produits sécurisés pour des gens qui ont une appétence au risque qui est faible, qui ne veulent pas, qui ne peuvent pas prendre de risque. Il faut des produits relativement dynamiques pour être compétitifs, parce qu’il y a plein de gens qui ont par ailleurs d’autres systèmes d’épargne, PEA, assurance-vie et qui voudraient un produit relativement dynamique puisqu’ils ont une certaine assurance de l’avenir et ils voudraient que ce soit un plus. Or, là-dessus, il faut aller plus loin, notamment sur
la capacité, la liberté sur les allocations d’actifs. Je pense notamment aux non cotés, parce que l’on a en France un tissu de PME-PMI florissant, ce n’est pas à vous que je vais apprendre que c’est les 2/3 des emplois dans ce pays, la création d’emplois se fait là, et l’on est aussi dans une période où au fond, les générations, comme en retraite, l’après-guerre arrive à l’âge de la retraite, les enfants ne reprennent pas toujours et s’il n’y a pas une épargne française, européenne, nos PME seront rachetés par les grands fonds anglo-saxons ou autres. Les choses sont claires, et vous n’avez qu’à regarder les statistiques, tous les bons fleurons en province d’entreprises à valeur ajoutée avec des grands noms français, le capital partira chez les anglo-saxons. Les choses ont été modifiées dans le cadre de l’assurance-vie pour permettre que la part du non coté augmente, il est clair que si à l’occasion de l’épargne retraite et du placement à long terme, 30 ans, on n’en profite pas pour émettre une partie de l’épargne, ne serait-ce que 10% d’allocations d’actifs sur des produits dynamiques, sur le tissu des PME-PMI françaises qui d’ailleurs quels que soient les acteurs, regardez les taux de rendement interne que cela donne, les sommes placées doublent toutes en 5 ans, je ne connais pas beaucoup de fonds de private equity qui ont à peu près doublé les sommes placées en 5 ans sur à peu près 15 ans d’expérience, donc il y a aujourd’hui un vrai rendement, il y a une décorrélation par rapport au marché financier.

Il y a des argumentations techniques et en tout cas une argumentation politique et donc la retraite, c’est une occasion d’engouffrer une épargne qui est une épargne créatrice d’emploi, on parle beaucoup d’éthique, en voilà une qui est socialement responsable et créatrice d’emplois. Et en plus qui apporte du rendement, une diminution du risque puisque ce sont des actifs relativement décorrélés par rapport aux actifs classiques. Il y a donc une nécessité de faire évoluer le corset ou le carcan administratif de ces produits, on aurait pu peut être encore attendre une année et au vu de l’expérience d’essayer de toiletter le système pour que le PERP prenne réellement son envol.

Je voudrais terminer sur le sujet du début, c’est de renforcer la démocratie de l’épargne, au fond c’est quand même, alors qu’on nous a dit qu’ils s’en fichaient, c’est quand même intéressant de voir dans votre étude que 90% des sondés considèrent qu’il faut être représenté, il faut un contre pouvoir, quelque chose, on a toujours dit que cela ne servait à rien… 90% même si on peut critique le sondage, 90% ce n’est pas 50%. Et 83% considèrent que les GERP doivent jouer un rôle de contrôle et de surveillance, c’est quand même éloquent et pour l’ancien politique, ça n’a pas du échapper aux journalistes, c’est amusant que plus de 37% veuillent participer à quelque chose, moi j’ai l’expérience, est-ce que vous êtes prêt à participer, pas du tout, moi ce week end j’ai autre chose à faire. Et bien figurez-vous c’est intéressant que 37% commence à s’y intéresser. Donc ce pays, en fait, veut comprendre, veut s’intéresser à l’épargne et veut participer. IL y a deux solutions : ou l’on continue à faire des associations un système bidon comme c’était le cas dans le passé et bien on aura toujours une non culture de l’épargne et un fossé de plus en plus grand entre les français et l’épargne, ou on fait, ce qu’à fait le Cercle des Epargnants, on essaie de créer à travers les GERP de véritables associations qui ont vocation à être indépendantes, à représenter les épargnants, vous allez me dire qu’il y a toujours un groupe d’assurance, en l’occurrence Generali qui est derrière, oui parce qu’elles ne vont pas naître spontanément comme ça, il y a toujours derrière, au début, pour enfanter le système, une banque, une compagnie d’assurances, mais là vous avez fait le choix, c’est pour ça que j’ai accepté de venir commenter en toute indépendance les résultats, vous avez fait le choix de créer un GERP qui a vocation de lui-même à être indépendant, bien entendu au début il faut qu’il y ait des compagnies derrière, des assureurs qui aident, mais après ils ont bien compris que la concurrence joue, qu’on pourra changer les contrats, qu’on pourra transférer, que les règles de transparence sont là et alors les GERP pour qu’ils aient une réelle existence, et alors les journalistes et nous-mêmes, il m’arrive qu’on me demande de temps en temps mon modeste avis, on a besoin de nous. On est dans le même camp, les soit disant experts et les journalistes. C’est un peu à nous de faire évoluer les choses, parce qu’il y aura deux catégories : les professionnels qui auront compris qu’il faut jouer la carte de la démocratie de l’épargne, parce qu’il y a une demande et ceux qui continueront à faire la petite association, je souscris et je signe p.43 bis en bas en droite d’un truc écrit tellement petit que de toute façon on ne voit pas ce qu’on signe. C’est la réalité et je vous parle en toute indépendance, en tout cas c’est ce que je pense. Bravo pour ce que vous avez fait. Je ferai quelques suggestions et d’ailleurs je l’ai dit l’autre jour durant un colloque à l’assemblée nationale aux parlementaires quiavaienttravaillésur le sujet, ils étaient d’ailleursd’accord, pour que les GERP fonctionnent il faut une obligation d’informations des titulaires des PERP par les associations, il faut que l’on mette des règles du jeu, pas légiférer, des règles du jeu, une obligation de publicité sur les conseils d’administration, parce qu’au départ ils commencent captifs parce qu’il faut bien le démarrer, et ensuite petit à petit ils vont évoluer, il faut organiser des élections, parce que les gens veulent participer, il faut donc qu’il y ait des élections mais pas bidons, des vraies élections, parce que c’est important, une fois qu’il y a quelques milliards, ou des centaines de millions d’euros d’épargne dans un GERP qui est un GERP qui peut s’être créé socio professionnellement, régionalement, par affinité, au début pas très loin d’un groupe d’assurance et qui après vogue de ses propres ailes, il faut que les choses soient clairement faites, parce que c’est important, c’est la retraite, c’est sur le long terme, donc il faut qu’il y ait de vraies élections, pourquoi les GERP ne seraient pas sous la commission de contrôle des assurances de prévoyance, pourquoi les GERP ne seraient pas contrôlés, ils vont représenter des épargnants sur des centaines de millions, voire des milliards d’euros, c’est un vrai sujet, soit on fait une association pour faire gentil, soit on fait un vrai truc et on joue le jeu jusqu’au bout et ce sera l’intérêt des professionnels et bravo au GERP et au groupe Generali de l’avoir compris.

Vous voulez créer un comité scientifique, vous m’avez demandé d’y participer, je le ferai volontiers, il faut que dans ce comité scientifique qu’il y ait des démographes, il faut qu’il y ait de vrais études là-dessus, on entend tout et n’importe quoi, des gens de talent et de haut niveau qui sont capables de répondre, d’accepter le débat, d’accepter aussi de se tromper, des économistes qui regardent les choses sérieusement parce qu’on fait toujours des études, vous vous souvenez des études : il ne faut pas s’occuper des retraites, parce que la croissance va repartir et donc il n’y a aucun problème, certains rapports et débats télévisés qui étaient surréalistes, bref c’est quand même utile d’avoir des études économiques, des financiers parce que la gestion d’actifs c’est quand même le moteur et que les marchés financiers, c’est quelque chose de risqué, des gens qui puissent travailler là-dessus, qui puissent analyser ce qu’on fait au niveau professionnel, on peut changer de professionnels en cours de route, il faut pouvoir, c’est prévu ça, virer le gestionnaire
financier s’il n’est pas bon, changer l’assureur aussi et puis les juristes parce qu’il y a aussi une dimension européenne, parce qu’on a un vrai thème qui est la compatibilité de notre système par rapport à l’Europe, permettez moi de vous dire que le système auquel j’avais réfléchi à une époque était très compatible avec ce qui se passait ailleurs, parce que c’était la même chose déclinée en France, là on a un système qui est bien, avec le double système du plan d’épargne retraite et d’épargne individuelle et d’épargne collective de l’entreprise, on a un système qui n’est pas mal du tout qui est réussi mais qui est quand même très français.

Si vous regardez l’Allemagne, l’Espagne, le Bénélux, ils sont plutôt dans l’optique de fonds de pension à l’anglo saxonne. Donc on a un souci d’adaptation, des problèmes d’équivalence, les gens aujourd’hui passent d’une entreprise à l’autre, d’un pays à l’autre, il y a des vrais sujets, une vraie évolution, et c’est le chantier de demain. C’est la compatibilité européenne de notre système, c’est un souci que j’avais eu à l’époque, je ne suis pas sûr que c’est un souci qu’on ait eu là, et donc c’est un vrai sujet. Cela serait bien que dans l’Observatoire et en tout cas dans le comité scientifique, on puisse se préoccuper de ces questions. Voilà ce que je voulais vous dire, moi-même je suis à titre personnel plutôt satisfait que les engagement pris par la France aient été tenus, mais en point de conclusion, à part quelques aménagements, la balle n’est plus dans le camp des politiques. La balle est dans le camp des professionnels et aussi dans le camp des gens qui gèrent l’information, c’est à nous de faire réussir ou échouer les fonds de pensions à la française.

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